i need to talk. (ruben senior)

Les journées se ressemblaient énormément depuis qu’elle était partie. Non, depuis que tu l’avais chassé de ta vie. T’avais encore plus l’impression d’appartenir à la génération du demi-siècle. T’en étais pas fière, toi qui la fuyait comme la peste. Encore aujourd’hui, tu t’es levé après avoir entendu les infos à la radio, puis tu as pris ton petit déjeuné ; ton éternel café, tout en regardant la météo. Puis comme à ton habitude, t’es allé dans la salle de bain et tu as commencé par te passer du savon sur le visage. Et t’es partit au boulot. Toujours la même routine. T’aime ce que tu fais, t’as toujours voulu faire partit du domaine médicale. Peut-être que la gynécologie n’était pas ce que tu souhaitais en premier, mais tu étais bien meilleur là-dessus. On pourrait se demander ce qui incite des hommes et des femmes à faire ce métier. Beaucoup penserons que les hommes font ça pour le dessous de la ceinture. C’est n’est pas vrai, du moins pas pour toi. Les journées ont tendances à passé à une vitesse fulgurante, tu ne t’ennuie jamais, t’as pas le temps, il y a toujours des rendez-vous, et de tout type. Passant de la jeune fille qui souhaite la contraception à une adulte qui vient pour un petit examen de santé.

La journée enfin terminée, tu restes un peu pour vérifier la paperasse. Tu prends toujours vingt minutes pour tout trier, tout revoir. Sinon, ça serait le chantier et tu ne t’y retrouverais plus toi-même. T’étais complètement plongé dans un dossier lorsqu’on toqua à la porte. Cette dernière s’ouvre et tu relèves la tête. « Oh, Feliks. Entre donc, tu ne me dérange pas. » Tu ranges le dossier que tu avais entre les mains et tu observes Feliks qui n’a pas l’air d’être au meilleur de sa forme. Tu hausse un sourcil à ses paroles. « Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? » Tu replaces tes lunettes sur le haut de ton nez, c’est un geste machinal, qui montre que tu vas être attentif.  

tu as l'impression de tout foutre en l'air. vraiment. de faire de la merde. t'as p'être fait un truc dans une vie antérieure, tu sais pas trop. tu retiens un soupir, t'as pas envie de rentrer maintenant, retrouver ton appartement vide et froid, malgré les chaleurs accablantes de cet été. tu retiens un soupir et vagabonde dans la petite clinique jusqu'à trouver refuge dans le bureau de ruben. oh, feliks. entre donc, tu ne me dérange pas. tu te mords la lèvre, l'observes ranger un dossier alors que tu fermes la porte pour t'affaler sur une chaise. tu passes une main sur ton visage, las. t'as merdé. t'as putain de merdé et t'en es conscient, c'est ça le pire dans l'histoire. qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? tu te mords l'intérieur de la joue, fixant tes mains tremblantes. j'ai trompé taron. tu souffles du bout des lèvres. c'est beaucoup trop réel pour ton esprit, t'as l'impression que ta tête tourne soudainement. mais c'est simplement lié à ton état de fatigue quasi-constant depuis quelques jours. tu ne travailles pas demain et un peu de repos ne te fera pas de mal. j'étais bourré et ... j'sais pas ce qu'il m'a prit putain, c'pas une excuse l'alcool. tu t'énerves contre toi même, mordant l'intérieur de ta joue avec force, tu pourrais presque sentir le goût métallique du sang sur ta langue. tu t'arrêtes avant. j'suis qu'un connard de toute manière... parce que t'essayes de le forcer à avouer un truc qu'il a pas envie d'avouer, parce que t'aimerais l'avoir rien que pour toi, pouvoir dormir de nouveau avec lui, l'embrasser. putain qu'il te manque, taron. ton taron. celui que tu connaissais quand vous viviez ensemble. connard, et égoïste. t'as pas envie de le partager. jamais. avec personne.