It's just a gift.

La tête en vrac, les cheveux en pagailles, elle est sous cette petite couverture dans l’avion. Elle rentre à la maison, dans son nid douillet. Alix a tenté un petit voyage, ses parents lui avaient offert pour son dernier anniversaire. Une belle semaine à San Francisco, elle avait longtemps hésité. Quitter ses chevaux, ses repères, partir seule, enfin elle ne percevait que des aspects négatifs. Mais elle ne pouvait pas décliner son cadeau. Alix a passé une belle semaine, envahissant les réseaux sociaux de photos, achetant des cadeaux pour ses proches. Et elle a même pensé à une personne… C’était inattendu, mais en remarquant ce petit porte clé boule de neige minuscule, avec un cheval dedans, son esprit avait tiqué directement pour lui, ce brun, cet homme divin. Alix, durant ce périple a compris qu’il n’était pas le simple nouvel employé du ranch à ses yeux, il l’attire. Elle est complètement effrayée la belle brune. Parce que l’amour, elle a craché dessus longtemps. Il ne faut pas oublier que son premier amour est décédé, dans un tragique accident. Alix a été refroidi par ça, elle a ensuite eu quelques hommes, parfois des histoires d’une semaine telle une gamine qui s’amuse. Mais les années passent, Alix en a marre d’être seule, de ne vivre que pour les animaux, le ranch, le travail. Elle garde les pieds sur terre, car elle ne veut pas trop s’avancer. Elle va d’abord tenter des approches simples, le petit cadeau c’est bien selon elle. Au moins une petite marque d’affection, du genre « J’ai pensé à toi tu as vu ! Je t’aime bien. » Puis sérieusement, c’est une piètre dragueuse, bien trop maladroite. Alix n’y connaît pas grand chose.
Bref, Alix, elle est descendue de l’avion. Une valise lourde à traîner comme un vieux sac, car elle a réussi à casser une roulette. Il arrive souvent des mésaventures à la brunette, elle n’a simplement aucune chance avec la vie. Une fois dans le taxi, elle demande à rejoindre le ranch de Cassas. Encore deux heures de route à tuer, alors elle tente d’appeler ses parents pour annoncer qu’elle arrive bientôt. Mais son père lui répond qu’ils sont partis faire une balade avec sa mère. Un long soupire sort de sa bouche, parce qu’elle déteste arriver sans être accueillie. Pour au moins voir des visages heureux de son retour, mais finalement elle sera certainement accueilli par les miaulements de Joki qui réclamera à manger.
Le taxi se gare, elle lui donne quelques billets et sort. Elle inspire cet air frais qui lui a manqué. Alix se sent bien, comme un oiseau dans le ciel. Elle remarque la voiture de Elias, il travaille. Elle va donc aller l’embêter un peu après s’être changée. Alix laisse traîner sa valise dans le ranch. Enfilant un short, ses bottes et un t-shirt, prête à aller affronter la boue, les animaux, l’herbe. Ni une, ni deux, elle attrape le petit cadeau emballé. Ses yeux cherchent le beau brun, jusqu’à entendre du bruit qui provient de l’écurie. Elle s'avance doucement, presque à reculons. Parce qu'elle a peur.
- Hey ! Jamais en pause toi.
Il fallait bien qu'elle commence par quelque chose. Elle s'avance comme une petite gamine troublée, elle lui tend le cadeau.
- J'ai trouvé un petit truc pour toi.

La vie n'avait plus vraiment de goût pour moi, depuis un mois environ. Cela devait pas vraiment changer l'expression de mon visage, qui était d'ordinaire assez monotone, sans expression particulière. J'étais ainsi, il était rare de voir l'ombre d'un sourire, s'afficher sur mon visage. Pourquoi étais-je ainsi ? C'était ma personnalité, rien de plus. Une personnalité calme, qui n'aimait pas être dans le monde, ressembler à tous le monde. Entre autre. Mais cette histoire, mon histoire, toute la ville était au courant. Les regards semi-accusateur et semi-peiné, j'en avais plus que marre, me renfermant encore plus dans cette affreuse léthargie. Venir bosser, rentrer dans ma demeure bien silencieuse, qui prenait terriblement la poussière et boire. Tel était devenu mon quotidien, aussi horrible soit-il. L'avais-je mérité ? Je n'en savais trop rien, puisque Poppy n'avait pas pris la peine de me dire ce qu'elle me reprochais, elle était partie comme une voleuse, en prenant tout mon argent, absolument tout. Ma raison de vivre également : Zack. Je ne pouvais pas guérir de cette terrible blessure, qui saignait au quotidien, jusqu'à me vider de toute joie. Malgré que cette joie, tentait doucement de revenir, aussi vite que tes jolies petites bottes qui couinait sous la boue, alors que j'étais en train de nettoyer un box, pour donner un coup de main, a cause d'une absence d'un palefrenier.

Tu m'avais presque manquer, de pas t'entendre parler toutes les secondes que je passais en ta compagnie, ton petit minois attendrissant, qu'on ne pouvait pas détester. Ta joie et fraîcheur de vivre pouvait redonner du baume au coeur à n'importe quel âme en peine. Je dois avouer que oui, à l'instant ou ta voix résonne dans l'écurie, je me sens un peu moins lasse. Triste.
"Tien donc. La vacancière est de retour. Je pensais bien que tu te serais perdue ou que tu aurais tellement adoré la vie citadine, que tu n'aurais pas eu envie de revenir." Lançais-je en continuant toutefois mon boulot, n'étant pas du genre à faire de pause, effectivement. Mes yeux sombres finirent par se lever quand même pour t'observer d'un drôle d'air, ce dernier se pose finalement sur le petit paquet que tu me tend. Je suis surpris, je m'attendais vraiment pas à cela. Je m'essuie les mains dans le pantalon, avant donc de saisir le petit objet.
" Tu as pris sur ton temps pendant tes vacances pour moi ? Tu es bête." Lançais-je en bougonnant un peu. C'était ma façon à moi de montrer que cela me touchais. J'ouvre alors le papier sans grande délicatesse, regardant alors ce petit porte clef. C'était vraiment une belle attention, je ne savais pas trop quoi dire, mais j'étais touché.
"Et bien, au moins j'aurais moins de soucis à me faire de celui-ci que des vrais." Ajoutais-je avec ironie, tout en le serrant entre mes doigts. Mon regard se pose sur toi, je voyais bien que tu attendais un petit quelque chose, que ça.
"Merci.." Je t'offre un petit semblant de sourire, avant de passer une main derrière ma nuque, la massant un peu. Signe de gêne, indéniablement. Je finis par reprendre mon activité, n'aimant pas trop ce genre de situation. Je finis toutefois par ajouter :
"Diable à eu un soucis en balade avec un gosse. Elle à été blessé au niveau du boulet, rien de grave mais elle n'a pas le droit de sortir sauf le paddock. Abby fait une bonne grossesse, le véto est passé. J'ai dû toutefois la relaxer, des bêtes sauvages ont dû la stressé en passant proche du ranch un soir. Sinon rien d'autre à signaler."

Elle est heureuse de le revoir, admirant les traits de son visage, son corps. Elle se sent soudainement bien, son petit coeur s’emballe bêtement. Oui, elle se sent comme une adolescente qui commence à en pincer pour un garçon. Alix ne sait pas comment il va réagir face au cadeau, elle espère au moins qu’il sera content. Ce n’est pas facile de le cerner, de le comprendre, il est renfermé, solitaire. C’est compréhensible, ce qu’il a vécu n’est pas facile, Alix a entendu plusieurs échos en ville. Elle ne sait pas quoi en penser, elle ne s’attarde pas sur le sujet. D’ailleurs, elle ne lui a jamais posé de questions pour ne pas le froisser, ne pas le vexer. Alors, elle fait l’innocente, celle qui ne sait pas, qui ne juge pas. Le voilà qu’il ouvre la bouche, elle entend le son de sa voix, elle l’écoute, elle s’abreuve de ses mots.
- Oh non ! Je suis tellement bien ici avec les animaux, la nature. Si je te disais combien de fois j’ai failli me faire écraser par des bus et voitures à San Francisco, tu rigolerais.
Elle souriait. Elle avait aimé découvrir cette ville, cette partie de l’Amérique. Alix aime bien trop sa ville natale, elle s’est sentie dépaysée. Elle s’est perdue dans les rues, a du faire fasse à la circulation intense dont elle n’a absolument pas l’habitude à Cassas. Alors, elle qui a l’habitude de traverser sans regarder, elle aurait vite pu finir en compote.
Alix lui tend le cadeau, elle le fixe pour apercevoir la moindre réaction. Un petit rire s’échappe de sa bouche, en effet un cheval dans une petite boule de neige sera moins compliqué que ceux du ranch. A ce moment, Alix ne sait plus vraiment où se mettre, parce qu’elle rougit sans doute un peu. Elle est bien plus douée pour avoir une relation avec les animaux qu’avec les humains. Puis, cet homme l’intimide, elle n’est pas comme ça habituellement. Normalement, elle rigole bêtement, elle sourit pour rien, elle bouge partout, elle parle trop. Finalement, elle semble plus détendue lorsqu’il commence à lui parler des chevaux. Dans un coin de sa tête, elle note tout ça. Car le soir-même comme à son habitude, avant de dormir, elle fait son petit tour vers tous les chevaux, cela lui permet de s’apaiser, passer une meilleure nuit.
- Merci des nouvelles, je vais devoir rattraper mon temps perdu avec eux… Et toi comment ça va ?
Une question par politesse, mais aussi parce qu’elle veut savoir s’il y a eu de nouvelles choses dans sa vie entre temps. Elle est stressée d’attendre la réponse.

Je me doutais bien que tu ne me posais pas de questions pour que je ne sois pas froissé ou que tu ne parviennes plus à me parler, de peur que tu ne puisses plus m'aborder comme aujourd'hui ce qui, sans doute, était bien vrai. Je me renfermais grandement, si quelqu'un venait à moi en me lançant un : " J'ai entendus que...". S'il y a bien une chose que je détestais par-dessus tout dans l'humanité, c'était bien ce côté curieux, voire même voyeur. A toujours voulu connaître les derniers potins sur les voisins. Bref, cela m'aurait déranger. C'est pourquoi tu ne le faisais sans doute pas et je t'en remerciais silencieusement. Tu semblais être une personne sincère, simple, sans prise de tête. Une personne que l'on aimait la présence, qui n'était pas dérangeante au point de vouloir lui fausser compagnie. Non, je n'en avais jamais eu ce besoin, même pour dire ! Ta présence m'avait réellement manqué quand tu étais partie en vacances à San Francisco. Mais bien sûr, je ne comptais pas te le dire, ce n'était pas vraiment la chose à dire à son employeuse, même si voilà,techniquement...c'était plus tes parents que toi, mais qu'importe.

"Tu as raison, rien de mieux que la vie provinciale que d'être coincé dans les bouchons, la pollution tout cela. Brr. Rien que d'y penser, j'ai la chair de poule." Dis-je donc, en ramassant les dernières fourches de crottins qu'il me restait, avant donc de refermer le box, propre comme un sous neuf. Je souffle doucement, remettant mes cheveux sombres et ondulés en arrière, qui tombaient en cascade devant mes yeux. Je repose à nouveau mes yeux sombres sur toi, voyant que tu voulais continuer un peu plus cette discussion. Je fourre ton petit cadeau dans ma poche, étant vraiment touché. Pas grand monde me faisait des cadeaux, alors le peu que j'avais en petite attention, j'étais certain de ne pas oublier. J'étais d'ailleurs déjà en train de me demander comment je pourrais te rendre la pareil. J'aimais bien faire en retour, non pas pour te remercier du présent, juste que voilà, je trouvais cela normal de penser aussi à l'autre personne, en temps voulu.

Je reste silencieux face à ta demande, ne sachant pas trop quoi répondre. Si, la seule chose qui venait de m'arriver, était le retour de mon ex-femme, de mon fils. Je n'avais pas super envie d'en parler, mais bon. Je souffle doucement avant de lancer :
"Eh bien,...Rien hormis que Diable m'a pris pour un bout de viande, quelques points de suture..." Dis-je tout en détournant un peu le regard, m'approchant du paddock, contemplant un peu l'horizon, avant de reprendre pas sereinement :

"Ma femme vient de redébarquer ici. J'espère gagner le divorce, je veux récupérer Zack." C'était sans doute la première fois que je parlais réellement de ce genre de chose à quelqu'un. J'avais besoin de me confier, sans doute. Car me faire mordre par un cheval, être ivre constamment, dans l'envie constante de me jeter d'un pont...Fallait peut-être que j'en parle. Zack pourrait me redonner le sourire, c'est ce que je voulais le plus au monde. Mais du soutien, aussi.

Finalement, Alix avait très vite était heureuse que son père décide d’employer Elias. Elle avait vu son CV, elle l’avait vu durant sa journée d’essai. Alix n’avait pas forcément son mot à dire lorsque son père décide d’employer, mais là elle avait vraiment eu ce petit truc en elle qui l’avait fait espérer. Par politesse, par envie de savoir, pour continuer la discussion surtout, profiter d’un instant avec lui, elle se décida à lui demander comment il allait. Alix fit aussitôt une drôle de tête lorsqu’elle comprit qu’un des chevaux, Diable l’avait mordu. Elle en était aussitôt désolée, espérant que ce n’était pas grave, mais des points de sutures tout de même. Alors, qu’elle était prête à lui demander de voir la blessure, s’excuser, il reprit la parole. Mais cette fois-ci, Alix eut le visage complètement choquée, même si elle tentait de ne pas montrer les émotions qu’elle ressentait. Sa femme de retour ? Sérieusement, elle n’aurait pas pu rester là où elle était, loin ? Elle remarquait bien qu’il avait envie de parler… pour une fois ! Car, il ne parle jamais de sa vie, il est discret, elle était assez surprise qu’il se confie.
- Je suis désolée de ce qui t’arrive ! Si jamais je peux t’aider d’une façon ou d’une autre, je le ferais !
Sait-on jamais, comme tuer sa femme, découper le cadavre, la brûler sur un bûcher ou alors cacher le corps. L’histoire était vite réglée, il récupérait son fils, Alix pourrait tenter un gros rapprochement. Bref, les divorces n’étaient pas simples. Elle espérait jamais avoir à divorcer dans sa vie, engager un avocat, les papiers, les rendez-vous, les batailles, elle n’aime pas. Pourtant, à une époque, indécise sur sa vie, elle avait voulu être avocate, elle s’était achetée des libres, avait étudié dans son coin pour se préparer à une éventuelle université. Et finalement, elle n’avait pas aimé lire ses livres, parce que ce n’était pas assez palpitant, pas assez d’aventure.
- Je ne suis pas une lumière en droit, mais si jamais je peux t’aider pour trouver un bon avocat, ou si tu as besoin d’un bon témoignage pour dire que tu es quelqu’un de bien, gentil et travailleur. Je peux !
Tellement dévouée cette Alix ! Mais n’oubliez pas il s’agit de Elias, puis elle voit bien que son petit garçon semble très important pour lui, alors si elle peut l’aider.
- Si tu veux, on peut aller se mettre à l’intérieur et boire un verre ? Tu as bien mérité de t’asseoir un peu !

C'était pas mon genre, de dévoiler mes pensées à une tiers personne, je ne savais d'ailleurs même plus pourquoi je t'avais dis cela, c'était même stupide et je regrettais de l'avoir fait. Cela ne te regardais pas et c'était surtout pas vraiment comme si ont étaient très proche...Enfin, voilà. Ces affaires-là, c'était pas vraiment simple, c'était compliqué et tu ne voulais sans doute pas les entendre même si dans le fond, je n'étais même pas sur de pouvoir en dire grand chose, ne sachant même pas le fin mot de l'histoire. Elle était partie, avec mon fils, sans raison valide pour moi et voilà. Dépouillé jusqu'au tronc. J'en retenais que cela. Jamais de ma vie je n'avais levé ma main sur elle, rien. Peut-être que j'avais pas assez pris soins d'elle, enfin bon. Moi j'étais convaincus que si.

"Y'a pour le moment rien à faire, juste de gagner cette bataille qui vas être une horreur pour moi. Je pensais pas qu'une telle chose m'arriverais pour être honnête. Comme quoi, ce genre de chose arrive même à ceux qui pensent en être totalement isolé." Lançais-je en haussant mes épaules massives, alourdis par le chagrin et les dures journées au soleil, brunis et couverte de nœud douloureux, par des muscles presque endolorie au quotidien. Mes yeux sombres analysent un court instant le tien, cherchant à comprendre comment tu pouvais t'intéresser autant à mes petites affaires, alors que je ne daignais pas trop à parler avec les gens. Qu'est-ce qui te motivais tant à me parler et à vouloir continuer de me parler ?

"Tu es gentille... Pourquoi, je me le demande. Je mérite pas tant." Dis-je simplement, l'esquisse d'un sourire sincère se dessine sur le coin de mes lèvres. Ta gentillesse me faisais chaud au cœur, tu étais vraiment une personne avec un grand cœur, je m'en rendais compte de plus en plus. C'est clairement ce genre de personnalité qui me plaisais mais... je ne préférais pas trop penser à ce genre de chose, le cœur encore crevé par un monstrueux coup de massue.
"Non...Non, ça ira...En plus j'ai pas été très...accidue et bon dernièrement, ton père m'a un peu en surveillance, donc s'il me vois faire une pause, pas sur qu'il apprécie. A la rigueur, si tu souhaites dîner quelque part ou à la fin du boulot on vas faire un tour avec les chevaux, c'est peut-être plus...convenable." Te proposais-je sans ambiguïté, enfin...Sur l'instant. Je me rendais pas compte, mais effectivement, je te proposais une sorte de rencard. Je n'étais plus à ça prêt, après tout, tu venais de m'offrir un cadeau.
"Enfin...Si tu veux évidemment. Pas que pour parler de mes emmerdes..."

Les divorces, c’est rapidement ce qui signifie que le mariage est mort, pourri, a perdu l’étincelle du départ. Et même si je vois autour de moi des gens divorcer, je ne perds pas ma petite âme d’enfant où je me dis que je finirai par le faire, prendre le risque, porter une belle robe blanche et surtout dévorer une pièce montée immense. J’étais triste pour lui, je n’arrivais pas à me mettre à sa place. Je n’ai jamais connu LA grande déception en amour, le sentiment d’être quitté salement. Mes relations se sont toujours biens terminées, et le grand amour est décédé alors que mon coeur battait sauvagement pour lui encore. Le destin s’acharne parfois. Je commence à m’intéresser de trop prêt à sa vie, c’est presque suspect. Mais si je ne me bouge pas, il me filera peut-être bêtement sous les doigts, s’envolera vers une autre femme ou même son ex-femme, sait-on jamais !
- Je pense simplement que tu mérites ma gentillesse.
Je ne me justifie pas plus, je me contente de mordre ma lèvre inférieur, submerger par un stress qui s’engloutit dans mon corps. Je suis face à lui, je lui parle en creusant un peu plus sa carapace que les autres fois. Je veux me montrer, peut-être même qu’il comprenne qu’il ne m’est pas indifférent. Il m’informe que mon père le surveille. Ah oui ! Il est le maniaque du travail Papa Stokes, minutieux, assidu, ne supportant pas les retards. Il me proposa un dîner, ou une balade, je choisissais. J’étais heureux, mais je ne montrais pas cette joie, je la gardais intérieurement. Bien qu’un petit sourire se dessina sur mes lèvres.
- Je pense qu’une balade est une bonne idée, surtout que cela fait une semaine que je ne suis pas montée.
Au moins nous serions au calme pour discuter, dîner en ville aurait fait courir des rumeurs et chez moi, c’est le ranch. Il serait temps d’ailleurs que je finisse par me trouver une petite maison non loin du ranch. Même si j’ai une partir du ranch où je peux avoir mon intimité, indépendante du reste.
- Je peux nous préparer quelques petites choses à grignoter. Tu n’auras qu’à venir me prévenir lorsque tu auras terminé.
Je le laissais se remettre au travail, pour m’éloigner afin de préparer quelques sandwichs et quelques rafraîchissements, mais aussi me changer.

Il est vrai que je n'étais pas ce genre de type, à butiner de fleurs en fleurs. Ma femme, je l'aimais encore, ce serait mentir de dire que non. Mais elle m'avait tellement faire du mal que je n'étais pas certain de pouvoir faire quelque chose, de changer d'avis la concernant. Surtout qu'elle savait y faire, elle avait toujours réussi à m'avoir dans ses filets. Je ne pouvais pas me faire avoir une seconde fois, de toute manière, je n'étais pas certain de pouvoir l'aimer comme je l'avais aimé. Quelque chose s'était forcément cassé, depuis cette disparition. Je soupire lourdement en repensant à tout cela, à sa présence ici. Qui me disait qu'elle n'était pas à ce moment précis, en train de me guetter mes moindres faits et gestes. Non, peut-être pas jusque-là...
" C'est vraiment sympa, Alix." Dis-je en te regardant intensément, étant touché par autant de sympathie.Tu étais vraiment aimable avec moi, j'appréciais vraiment. Entre ton petit cadeau et ton empathie constante pour moi, je me demandais vraiment ce que tu pouvais me trouver et surtout pourquoi je méritais autant de considération. Idiot comme j'étais, je n'avais pas songé une seule seconde à ce que tu puisses avoir des sentiments pour moi...J'étais un peu ridicule. Même carrément stupide. Ah ! si j'avais vite compris, il était évident que ce rencard, je l'aurais programmé depuis longtemps.
J'acquiesce donc, te laissant repartir pour finir de vaquer à mes occupations. Je souffle doucement en allant donc dans la sellerie faire un brin de rangement et prendre quelques cordes pour sortir l'un des chevaux dont je m'occupais. Je devais reprendre un rythme normal. Poppy était de retour, Zack aussi. Je devais donc me calmer et surtout être concentré dans ce que je faisais. Le soleil commençait doucement à descendre dans les vallées, mais j'avais encore bien du temps devant moi pour être éclairé et pique-niqué avec toi, dans les prairies. Je ne faisais plus vraiment attention aux rumeurs. Cette ville était pleine de mauvaises langues, comme pour cette pauvre gamine suicidée. Entre cela, moi et mes histoires, d'autres histoires en tous genres, de simples commérages, tout était vite dit et amplifié. Un petit village quoi. Je finis par me passer un peu d'eau sur le visage pour me rafraîchir, avant donc de remettre mon chapeau type cow-boy sur la tête et donc venir te chercher. Tu étais là où je pensais que tu serais, dans la demeure, sur le porche.
" On y va ? J'ai sellé deux chevaux, des petits nouveaux que j'ai dû m'occuper, comme ils ont été pas mal enfermés, autant les sortir un peu." Dis-je en essayant de ne pas faire de commentaires, sur ta tenue. Tu avais pris la peine de te faire un brin plus belle, ce que j'avais quand même remarqué mais bon. J'avais eu une femme très coquette alors..cela m'amusait plus qu'autre chose.
" Tu vas au bal après ?" Lançais-je finalement, n'ayant pas réussi à me contenir.

Je m’éloigne, pour nous préparer des sandwichs, je trouve ce qu’il me faut dans le réfrigérateur de mes parents. J’en profite même pour couper deux parts d’une bonne tarte aux pommes que ma mère adore faire. Deux petites bouteilles d’eau feront l’affaire, j’arrive à glisser cela dans un sac à dos. Sans doute un peu trop abîmé, celui que je trimballe partout lorsque je pars en balade, que je m’éloigne pour m’évader. Il serait peut-être judicieux de m’en acheter un nouveau, plus solide. Mais il allait encore faire une soirée.
J’avais besoin d’une bonne douche, me détendre après le voyage, mais aussi pour tenter de me préparer correctement. Je ne fais pas forcément de grands efforts au quotidien, mes proches pensent que mon visage est plus angélique sans maquillage. Puis, je n’ai pas forcément le temps et sachant mon travail avec les chevaux, je n’en vois pas l’utilité. Cependant, ce soir j’étais avec lui, il commençait à devenir important à mes yeux, alors je voulais faire un effort. Et puis, n’oublions pas sa femme est de retour, des rumeurs j’avais entendu qu’elle avait l’allure d’une femme sexy, des courbes fines, enfin la femme parfaite. Je ne voulais pas me sentir tâche, car finalement peut-être que son truc c’est les femmes blondes, sexy. Alors que moi… brune, incapable de mettre du rouge à lèvres et des talons.
Mon effort se remarquait ce soir, j’avais mis une tenue qui me mettait un peu plus en valeur, laissant un léger maquillage se dévoiler sur mes yeux et mes cheveux tombant sur mes épaules, légèrement bouclés. Il est là, face à moi, prêt à partir en balade.
- Je suis prête ! C’est une bonne idée pour les chevaux.
Me voilà presque gênait de sentir du maquillage sur mon visage, j’en ai peut être trop fait d’un coup. Il va me trouver bizarre ? Bien que finalement, je le suis un peu. Alors que j’attrapais le sac pour partir, il me demanda si j’allais au bal. J’avais complètement oublié cette histoire de bal. Et puis… étant célibataire, je ne préfère pas me pointer. Pour finir seule dans un coin, attendant qu’un quelconque homme daigne se bouger pour m’inviter à danser.
- Oh eux… étant seule, piètre danseuse enfin douée uniquement pour la danse des canards, je suis comme une grosse tâche au milieu des gens. Et toi ?
Je laissais un petit sourire sur mon visage, commençant à rejoindre les deux chevaux à ses côtés.