on s'aimait trop pour s'aimer bien. (cate)

UN ≈ Une enfance sur les chapeaux de roue. Bien loin des stéréotypes qu'on perpétue dans les villes. Cate, elle a eu une vie qu'on pourrait qualifier d'atypique. Elle n'a jamais eu réellement de routine ou de chemin bien attitré. Sa famille a toujours roulé vers des vents contraires. Appartenir à une communauté comme ceux des gens du voyage était quelque chose de spécial. D'extraordinaire. Son éducation était fait sur le tas. Et l'exotisme de sa vie amenait de la magie dans sa vie. Dans ses yeux d'enfants, la petite brune se prenait pour une petite aventurière prête à partir contre vents et marées. Tous les jours se résumait à une nouvelle aventure de plus. Elle n'a jamais ressenti les préjugés ou les remarques que les citadins pouvaient faire à sa famille. Elle vivait presque dans ses rêves la petite. C'est sans doute ça qui l'a tuée au fond. A force de voler trop près du soleil, elle a fini par se brûler les aîles, tel Icare dans son élan. DEUX ≈ Elle avait dix-neuf ans la première fois. C'est sans doute tard. Pourtant, elle n'avait jamais trop pensé à ça avant. Elle était bien trop dans ses livres peut être ou la tête dans les nuages. Pourtant, elle ressentit son coeur battre la première fois à dix-neuf ans. C'était presque désagréable au final. Pourtant, c'était si bon quand il le lui rendait. C'était le fils d'une autre famille de la communauté. Elle n'aurait pas du. Elle le savait. Les femmes, qui plus est les jeunes femmes, n'étaient pas autorisées à cotoyer le sexe opposé avant le mariage. Elle aurait du rester avec ses soeurs ce jour-là. Pourtant, lorsqu'elle le rejoignit, ayant prétexté vouloir cherché de l'eau, son coeur s'est arrêté. Elle avait l'impression de vivre pour la première fois. Il la regardait si tendrement. Presque timidement. Ah le premier amour. C'était beau. Chaque jour, ils se rejoignaient au même endroit. Ils parlaient pendant des heures. Elle lui parlait de ses livres. Il lui racontait des voyages extraordinaires. Ensemble ils rêvaient si bien. Il lui avait promis monts et merveilles. Peut être partir un jour, rien que tous les deux, loin de leurs familles. Aveuglé par la beauté de l'amour, elle avait accepté. Elle s'y voyait déjà. Avec lui à ses côtés. Ils faisaient néanmoins attention. Après tout, s'ils étaient découverts, Cate ne donnait pas cher de leurs peau. Alors ils se glissaient des mots dans des livres ou se rejoignaient au crépuscule. Comme deux amants maudits. Deux amoureux de tragédie. TROIS ≈ Et c'est ce qui arriva. Le pire. Elle ne sait comment. Si c'était lui. Si c'était elle. Ou peut être les deux. Pourtant, un jour, ils furent découverts par le père du jeune homme. Pas le plus commode. Le genre d'hommes d'une carrure d'armoire-glace avec des mains poilues et puissantes. Il avait tout de suite crié au scandale, à la honte. Il parlait de mariage, de honte de la communauté. D'infamie et de gourgandine. Cate ne savait plus où se mettre. Pire encore, elle n'osait regarder ses parents en face qui venaient de les rejoindre. Elle se sentait diminuée, trop honteuse. Sa bulle d'amour, percée à vif, elle voyait dans quel pétrin elle s'était mise. Pourquoi ? C'est une question qui revenait sans cesse dans sa tête. Elle n'avait jamais été de ces filles qui désobéissent ou qui n'en font qu'à leur tête. C'était presque incompréhensible. Pourtant, la réponse se trouvait sous ses yeux. Lui. C'était à cause de lui tout ça, il l'avait envoûté comme elle l'avait ensorcelée. Deux amants maudits sacrifiés sur l'autel de la violence éternelle. QUATRE ≈ Ils ont du partir. Elle a fauté et ils ont du payé tous ensemble. Ils ne pouvaient décemment pas restés. Le père de l'amant était devenu fou. Si l'honneur de la famille, et plus encore la réputation de Cate, était en jeu, bientôt la vie même des membres de la famille Hyams fut mise sur le haut du panier. Le soir suivant la découverte, le père de la brune se rendit chez l'autre famille. Pour une discussion entre patriarches. Cate avait passé la soirée à se tordre les doigts de gêne. Les heures avaient paru interminables. Elle s'en voulait tellement. C'était presque insupportable. Cela le fut encore plus quand elle découvrit son père à la porte, le nez en sang. Ils s'étaient battus. Son géniteur n'avait pas accepté le mariage proposé, voulant une meilleure condition pour sa fille aînée. Cela avait fini par dégénérer. Cate s'était précipité vers lui et avait aidé sa mère en silence. Qu'aurait-elle pu dire ? Elle en voyait déjà assez dans le regard de ses deux parents. Le silence était bien plus pesant que les mots. Ainsi, c'est presque sur l'instant, qu'ils décidèrent de tout quitter. Ils abandonnaient la communauté pour une ville, Cassos. Pour une autre vie, presque. Tout ça à cause d'elle. CINQ ≈ Pourtant, personne n'évoqua le sujet après ça. Si ses frères et soeurs virent l'état de leur père en rentrant. Aucun ne vint leur informer de la situation. Leur mère leur dit juste qu'ils devaient partir. C'était tout. Cate gardait, elle, la tête basse. Encore sous le choc de tous les événements. Et sous la honte. Surtout sous la honte. Encore aujourd'hui, personne n'a évoqué le souvenir de ce départ si précipité. Ou encore la raison inexistante, à priori, de leur départ. Cate en rêve encore parfois la nuit. Elle se revoit dans cette forêt. Pourtant, cette fois-ci, tout est si sombre. Les monstres la traquent. Elle sentirait presque leurs doigts crochues à portée de sa peau. Elle court vers la lumière. Vers son visage. A chaque fois, elle le voit de moins en moins clair. Le flou commence à envahir ses souvenirs. Son doux visage n'est plus que des traits approximatifs. Son premier amour n'est plus que poussière dans son coeur. SIX ≈ C'est ainsi que toute la petite famille s'est retrouvée à Cassas. Ce fut dans un premier temps un peu déstabilisant. Pour une petite famille qui avait toujours été sur la route, il a été difficile de se tenir à un seul endroit. Il est vrai que Cate s'imaginait encore parfois prendre la route le lendemain. En vain. Elle ne sait pas réellement pourquoi ses parents ont décidé de venir ici dans cette ville. Peut être était-elle la plus proche sur leur itinéraire. Peut être qu'une petite ville pouvait étouffer toute l'histoire qu'ils venaient de vivre sans l'évoquer ? Elle ne sait pas réellement. Au début, elle s'en est voulue. Terriblement. C'était sa faute à elle s'ils en étaient là. L'accueil des habitants n'a pas été des plus chaleureux. Les regards glaçants. Les messes basses dites sur leurs passages. Ou pire encore, les attitudes si peureuses et méchantes à la fois. Combien de fois on l'a traitée de voleuse dans son dos, de petite sale ? Bien trop de fois. Infliger ça à sa famille fut à la limite du supportable. D'ailleurs, elle avait fini par prendre l'habitude de toujours se mettre en travers de ses jeunes frères et soeurs, comme pour les protéger des remarques qu'ils auraient pu avoir. Elle ne voulait pas qu'ils aient peur de se montrer ou tout simplement qu'ils aient honte de ce qu'ils étaient. Ses parents avaient raison sur ce point. Ils étaient qui ils étaient et ils ne devaient s'excuser de l'être. Ainsi, les premier temps ont été difficiles mais au fur et à mesure, les Hyams ont réussi à se fondre dans la masse. A devenir une famille comme beaucoup d'autres familles sur Cassas. SEPT ≈ Néanmoins, si au départ, l'arrivée à Cassas fut une chose inévitable et même obligatoire, elle se révéla assez salvatrice pour Cate. En effet, depuis petite, elle avait toujours eu ce gout pour la découverte. La curiosité était sans aucun doute son pire défaut et dès qu'elle sut lire grâce à sa mère, elle ne put lâcher ses livres. Ainsi à Cassas, elle put s'inscrire à des cours pour se remettre à niveau et pouvoir même, continuer ses études, malgré ses années de décalage. C'était une véritable opportunité pour elle, elle en était consciente et elle ne voulait pas la gâcher. Oh que non. Dans un sens, pour elle, c'était un peu le moyen de se racheter. De prouver au monde qu'elle valait mieux que ça. Et surtout se le prouver à elle-même. Parce qu'avec tout ça, sa confiance en elle a chuté de tous ses étages. Elle se devait se retrouver, se reconcentrer et foncer comme elle l'avait toujours fait. Retrouver ses livres, c'était en quelques sortes retrouver une partie d'elle même qu'elle avait mis de côté un temps. HUIT ≈ Ainsi, pour elle, ce fut presque une évidence. Si elle s'était toujours intéressée aux livres, c'était bien plus pour l'histoire. Avide de tout savoir, elle avait souvent posé des questions sur les lieux où ils se trouvaient. Le pourquoi du comment. Quitte à en rendre ses parents dingues. Alors, elle avait fini, en continuant ses études, par s'orienter vers cette discipline. Elle se voyait très bien et adorait transmettre aux autres son savoir. Si elle l'avait déjà fait avec ses frères et soeurs lorsqu'elle s'occupait d'eux quand ses parents n'étaient pas là, c'était presque innée chez elle. Ainsi, devenir professeur était quelque chose qui lui plairait, elle en était sûre. Et elle ne se trompa pas. Car la première année où elle enseigna, après avoir obtenu son diplôme avec brio, fut un délice pour elle total. NEUF ≈ Elle n'a jamais eu de chances en amour. A croire que sa première expérience fut le déclencheur d'une écatombe sentimentale. Pourtant, elle en a rencontré des hommes. Mais jamais les bons. Alors son coeur il a souffert. Il est tombé de nombreuses fois, parce qu'elle y croyait. Elle osait se dire, c'est le bon avant que ce dernier ne disparaisse ou mette un terme à leur idylle éphémère. C'est bien ça qui fait mal. Aimer à contre sens. C'est ce qu'elle a fini par comprendre au bout de sa troisième relation qui a capoté. Elle s'en rappelle bien. C'était dans un bar, le mec l'avait jetée comme rien, juste avec quelques mots. Elle était restée plantée là. Mal à l'aise dans sa robe rouge, mise spécialement pour l'occasion. C'était toujours les mêmes histoires qui revenaient. Pas assez de ça. Trop de ci. Les mêmes arguments et excuses inutiles que les hommes lui sortaient. Le pire était "ce n'est pas toi, c'est moi". Alors quoi ? Ca ne voulait rien dire. C'était forcément elle. Au final, c'était peut être qui clochait, c'était peut être la cause de son malheur personnel. Sans doute. Elle n'en a jamais parlé à qui que ce soit. Quand elle voyait le regard de ses parents par rapport à ses relations, elle n'osait pas en parler. Après tout, peut être l'auraient-ils déjà marié à un homme de la communauté s'ils étaient restés ? Sans doute oui. Elle a échappé à un mariage arrangé pour une vie sentimentale désertique. Elle ne sait pas ce qui est le mieux au final ouais. DIX ≈ Et pis, elle l'a rencontré lui. Son sourire angelot. Ses doux cheveux. Et ses yeux qui en feraient damner les anges. C'était à une réunion parents-professeurs. Le genre de réunion que tous les enfants -ou presque- redoutent. Elle a été surprise en le découvrant. Il était jeune. Sans doute son âge. Pour avoir une fille de onze ans, elle avait fait vite le calcul. Ils avaient parlé de la petite, celle qui était le but de leur rencontre, Olivia. Élève moyenne. Trop dans la lune. Pas assez dans ses cahiers. Le style classique d'enfants un peu trop rêveurs. Ou de ceux qui finissent par parler avec leurs camarades, ne pouvant suivre le cours. Ils s'étaient quittés sur des conseils pour la petite, celle-là même qui écoutait en silence assise à côté d'eux. Ils s'étaient revus un mois plus tard. Olivia avait oublié son sac de sport, c'était lui qui lui avait apporté. Ils avaient sympathisé. Un peu trop peut être. Parce qu'elle l'a senti son coeur dans la poitrine quand leur conversation est passé des chaussures de sports aux choses banales de la vie. Elle l'a senti ce glissement de terrain dans ses propres yeux. Et ce n'est pas bon. Après tout, c'est le parent d'une de ses élèves. Elle ne doit pas imaginer quoi que ce soit. Pourtant, c'est plus fort qu'elle. A croire que les relations interdites l'attirent. Et encore, elle ne sait pas tout sur lui. Il n'est presque, pour elle, qu'un fantôme qu'elle s'imagine dans les couloirs entre ses classes. Une pensée onirique à peine croyable. Mais si elle savait. Oh si elle savait. EN VRAC ≈ Quand elle est stressée, elle a toujours la fameuse manie à tordre ses mains, ses doigts. ≈ Lorsqu'elle est chez elle, chanter est pour elle presque obligatoire. C'est une chose qu'elle fait presque en ne s'en rendant plus compte. ≈ Elle a toujours avoir des enfants. Pourtant, l'horloge biologique avant sans que cela ne semble se concrétiser. ≈ Le soir, elle a toujours un moment avant de s'endormir où elle lit un livre. On ne perd pas de bonnes habitudes. ≈ Son premier amour est toujours dans ses pensées, comme un vieux rêve. ≈ Elle adore le chocolat et serait capable d'avaler une plaquette entière en une fois. ≈ Elle essaye de sortir tous les dimanches pour courir un peu. Mais parfois, elle préfère ses doux draps à la dureté du macadam. ≈ Elle adore les animaux, c'est pour ça qu'elle vient d'adopter un petit samoyède. ≈ Adorant faire la cuisine, elle adore pour les fins d'années, amener des gâteaux à ses élèves. ≈ Elle aurait adoré faire du piano, un rêve qu'elle espère un jour concrétiser. ≈ Elle est vraiment la dernière en matière de technologie. Elle peut mettre une heure sur son ordinateur le soir pour ses cours. ≈ Quand elle fait le ménage, elle prend l'habitude de danser en mettant la musique. ≈ Elle a toujours un carnet dans son sac au cas où.