- Goodbye Jane.

Douce Jane s’est envolée, ses parents sont effondrés. Les habitants ne savent quoi en penser, certains sont touchés, d’autres n’y prêtent aucune intention. Un simple suicide, mais comment Jane avait pu faire cela alors qu’elle menait une vie parfaite, préoccupée par son prochain ? La police voulait boucler l’affaire, jusqu’à ce qu’une lettre soit envoyée avant-hier à tous les habitants.

« Mes amis, mes ennemis…
Je ne veux pas encore porter l’intention sur moi, j’ai eu ma dose ! Mais veillez à votre voisin, votre meilleur ami, même votre famille, ils ne sont pas tous clairs, souvent trop louches, des secrets enfouis. J’en ai été victime, j’ai du faire face, je gardais la tête haute, pour ne pas leur offrir l'image du visage peiné que j'aurais pu avoir. J’ai appris des trahisons, des mensonges. J’ai pleuré, des nuits entières à ruminer sur ces gens. Je suis déçue d’eux, de vous peut-être. Ma mort en arrange plus d’un ! Mais vos secrets n’ont pas été emportés avec moi, ils seront révélés d’une façon ou d’une autre. J’avais tout prévu…


Les habitants en parlent, mais à l’heure d’aujourd’hui, il est temps de dire au revoir une dernière fois à Jane.

everyone

goodbye bitch jane

Au moins, elle avait raison sur une chose : la moins garce de la ville. Elle n'avait pas le cran suffisant pour agir comme une garce, alors elle a préféré lancer sa pomme de la discorde une fois morte pour ne pas avoir à encaisser les vagues des représailles. Tout de noir vêtu, les cheveux impeccablement coiffés à la cire, je me tenais contre un mur au fond de l'église dans laquelle était entassée famille, entourage, amis, voisins... Rivales, ennemis, jaloux. Je n'étais pas le seul à vouloir assister au spectacle, et à défaut de pouvoir y assister aux premières loges j'allais devoir me contenter d'une masse de corbeaux allant du moins toucher aux plus affectés. Mon expression du visage se voulait neutre, je ne voulais pas qu'on sache le fond de ma pensée et à mon plus grand bonheur j'excellais en ce qui concernait la dissimulation de mes émotions. À l'image de la Comtesse de Merteuil je pouvais sentir les pics de douleurs les plus intenses en affichant mon air le plus narquois. Ici je n'étais qu'un étudiant parmi tant d'autres, présent pour présenter ses derniers hommages à une élève partit trop tôt. Et concernant cette lettres, s'agissait-il vraiment d'elle ou de sa névrosée de mère persuadée que la ville a tué son enfant chérie ? Je n'étais pas serin, et je ne devais pas être le seul dans la même situation. Mais je n'avais rien d'autre à faire si ce n'est attendre que cette farce de mauvais goût, même pour moi, se termine par un point final. On m'a toujours appris à ne pas dire du mal des morts : Jane est morte ? Très bien.

Jane, tu la connaissais pas. T'étais pas encore suffisamment installé pour la connaître, même si tu en entendais parler. La petite préférée de la ville, la bonté incarnée qu'on disait parfois, et les informations rentraient et sortaient directement. Tu crois l'avoir croisée une fois, ou deux peut-être, mais elle ne t'as pas adressé la parole plus que de raison, et tu n'as pas essayé de le faire non plus, occupé à déposer ton cv dans les différents cafés du coin. Mais même sans la connaître, tu dois bien avouer être intrigué par sa mort, ce suicide public, la police qui cherche à étouffer l'affaire mais surtout cette lettre que tu as reçue, enfin. Elle ne t'es pas adressée, sans doute plus pour la maison, mais tu as trouvé l'idée vraiment macabre. A peine morte, elle aurait ressuscité ? T'y crois pas, c'est impossible, et c'est pour en être sûr que tu es à l'église, malgré que tu n'aimes pas ça. Tu sais de toute façon que tout le monde s'y massera, parce que dans ce genre de petites villes, c'est comme ça que ça se passe. D'ailleurs un coup d’œil circulaire confirme tes pensées, alors que ton regard s'attache sur une silhouette familière, un mec que tu ne peux pas supporter. Il n'est qu'à quelques pas de toi, et tu le fusilles du regard. Quand tu faisais encore du football américain, et malgré vos quelques petites deux années de différence, il était un de tes adversaires récurrent. La rivalité entre vous deux a été directe et sans concessions, alors que pourtant vous n'étiez ni du même endroit, ni de la même équipe et encore moins du même poste. Et malgré le respect dû aux morts, tu peux pas t'en empêcher. Tu fais quelques pas discrètement pour te rapprocher de lui, faire comme si tu étais à côté depuis un petit temps déjà. « Dustin. » Tu chuchotes, essayant de ne pas attirer le regard sur toi. « Tu es venu dans l'espoir de récupérer une de ses amies éplorées à ton bras? » Que tu dis, un peu écœuré de te dire que c'est sans doute la raison pour laquelle il est là.

   

everyone

goodbye jane

Je n'étais jamais tombé dans le panneau de Jane, elle avait beau apparaître comme la fille parfaite je ne lui faisais pas confiance. J'ignore pourtant ce qui est le pire : que d'une certaine façon, elle ce soit assurée de pourrir la vie de ceux qui lui avaient causé du tort de son vivant ou qu'une autre pourriture utilise l'identité d'une fille morte pour pourrir les gens de Cassas. Que ce soit l'un ou l'autre, une tempête se préparait et s'il s'agissait de la première option je devais essayer, tant bien que mal, d'anticiper la découverte de ce Jane savait à mon sujet. Je ne fais pas attention à Malcolm qui s'avance vers moi, jusqu'à ce qu'il prononce mon nom comme salutation. Les bras croisés, mon regard se tourne vers lui avant que je ne rapporte mon attention sur la foule. Je dois me retenir de pouffer de rire à ses mots, assister à un enterrement semble plus compliqué que ce que j'imaginais. C'était en effet mon premier enterrement, à croire que ma famille ait réellement été bénite par une certaine chance dans tous les domaine. Je m'exprime tout doucement, sur le même ton que lui de sorte à ce qu'il soit le seul à pouvoir m'entendre « Et bien, on dirait que ça marche. » je tourne la tête vers lui, faisant doucement la moue « Désolé de te décevoir mais t'es pas mon genre Hayland. » round un plié. Malcolm n'a aucun intérêt à savoir pourquoi je suis là, aussi volage pouvais-je être je ne faisais pas -encore- dans les amies ou veuves endeuillées. Ce genre d'émotions éloignent les femmes de ce que j'attends d'elles. Dire que cette lettre m'avait laissé indifférent serait mentir. Je n'avais pas envie que le secret concernant mon petit business d'herbe -et d'autres choses- soit découvert au grand jour, bien que j'ai du mal à savoir comment Jane aurait pu être au courant de mon activité illégale. Je devrais sûrement arrêté, j'avais déjà assez profité du bonus que m'apporte les stoner de Cassas. J'avais du mal à respirer, dans ce costume et agglutiné dans une église grande en temps normal trop petite pour l'occasion et le nombre de personnes présentes. Tout doucement je viens desserrer le nœud de ma cravate en me demandant si Malcolm connaissant Jane, ou s'il était là pour une toute autre raison comme moi « Toutes mes condoléances pour ta dignité Malcolm. » je continue de m'exprimer silencieusement, lançant le second round de ce triste événement entre l'ancien joueur et moi.