i said you're holding back (aline)

Tu râles en marchant jusqu'au lieu de travail de ta sœur ainée, les pieds de plomb mais t'as pas pu dire non à son sms. Elle a besoin de ton aide pour son cours de débutants, personne a su se libérer alors elle a pensé à toi. Toi, qui détestes les chevaux, qui en as peur, en fait, tout simplement. Alors tu râles pour la forme, parce que tu refuses de montrer ta crainte de ces bestioles, tu refuses de passer pour un peureux mais t'es franchement pas rassuré, en voyant le paddock se dessiner devant tes yeux. Parce qu'en plus, tu n'habites pas très loin, puisque ton frère habite à l'intérieur même du ranch. Comme si ça ne suffisait pas qu'il y ait à l'intérieur de la maison tout des éléments qui rappellent le thème hippique, Elias a trois chevaux qui rodent aux alentours. Parfois, tu en entends un taper du pieds, et t'as l'impression que c'est sous ta fenêtre. Ils ont hantés tes cauchemars, ces bêtes mangeuses de foin. Même enfant, le seul cheval que t'approchais c'était celui à bascule, mais une fois l'âge passé tu ne la plus jamais approché et tu surveillais Charly pour ne pas qu'elle en tombe et se fasse mal, tu espérais presque qu'elle ne s'asseye jamais dessus. Dans le pays de la country, tu as peur des chevaux. Tu t'y feras jamais, mais au moins, tu n'es pas né à l'époque où on se déplaçait uniquement via ces animaux, et ça, tu en remercie presque le ciel. T'aurais fait des crises cardiaques à répétition. Enfin, tu vois sa silhouette qui se dessine, déjà entourée par des bambins. Tu sais pas trop l'âge qu'ils ont, mais de toute façon ils te semblent trop jeunes pour monter sur ces créatures de l'enfer. Tu pousses un profond soupir, regardant à peine les boxes sur une rangée presque vide. Les poney sont déjà sortis, presque tous prêt alors que les morpions s'affairent autour des miniatures animales. Tu t'approches de ta sœur, murmurant à son oreille en guise de bonjour. « Je. te. déteste. » D'une tendre fraternité. Pourtant tu te redresse bien vite, tu ne voudrais pas que les morveux se posent des questions. Tu mets tes poings sur les hanches, te tournant vers eux. « Alors les mômes, y'en a pas un qui veux m'aider à nettoyer les boxes, plutôt que de monter là-dessus? » Que tu demandes à la cantonade, sans savoir que ce n'est pas pour ça qu'elle t'a appelé, la traitresse. T'as un grand sourire, inconscient encore de la tâche qu'elle va te demander de faire. Pour toi c'est simple, c'est du nettoyage, du moins tu n'imagines pas autre chose. Ce sera déjà bien compliqué pour toi de le faire tout seul, alors que d'autres chevaux sont sur la rangée, prêt à hennir et ruer à ton approche.  

   

Tu as préféré laissé un texto à son frère cadet plutôt que de l'appeler, consciente que tu étais incapable de lui mentir et que ta voix finirait par te trahir. Tu as toujours été droite, sans doute l'une des plus belles qualités qu'il soit mais également ton plus gros défaut car parfois, certaines choses méritent de rester secrètes. Aujourd'hui, tu es seule au ranch. Elias est rentré chez lui au vu de l'heure avancée qu'il est à présent et Alix a pris un jour de congé. Tu sais qu'actuellement, Malcolm squatte chez votre frère aîné par conséquent, il ne se trouve pas loin de Regal Ranch. Oui, tu as bien conscience que ton frère déteste les chevaux. Tu sais qu'il en a une peur bleue depuis tout petit et ce n'est pas faute de l'avoir forcé pour qu'il puisse vaincre ses démons. Il est têtu quand il le veut Malcolm pourtant, tu ne perds pas espoir. De plus, cela pourrait divertir davantage les enfants que de voir le comportement du petit dernier avec ces animaux. C'est vrai qu'ils ont tous beau faire de l'équitation depuis plusieurs jours, plusieurs années pour quelques uns d'entre eux, certains restent assez méfiants envers ces créatures imprévisibles. Toi, tu baignes dans cet univers depuis ta plus tendre enfance donc forcément, tu n'as aucun appréhension. Tu sais comment te comporter, quoi faire et la plupart du temps, il est vrai que tu arrives à les comprendre. Malheureusement, tu n'as pas encore et tu n'auras sans doute jamais, le niveau d'Elias dans ce domaine.
Cela fait quelques minutes que tu es sur place. Tu as eu le temps d'accompagner chaque enfant choisir son poney. Les plus habitués commencent par les brosser et caresser leur flanc avec impatience. D'autres restent en retrait, les bras croisés derrière le dos, hésitants. On peut voir que certains galèrent à les tenir, ce qui te fait naturellement sourire. Malcolm ne tarde pas à faire son apparition et c'est sans surprise qu'il t'administre quelques jolis mots. Forcément, ton sourire s'agrandit et tu déposes un bisou sur sa joue en guise de remerciements. Tu restes en retrait tandis qu'il s'approche davantage des enfants, confiant, pour savoir qui serait prêt à lui donner un coup de main. Y en a qui échangent quelques paroles, d'autres qui te fixent ne sachant que répondre et toi, tu grimaces légèrement avant de te racler la gorge pour interpeller ton frère. En fait, j'aurais besoin de toi pour les faire monter et pour les conduire parce que, certains savent à peine tenir assis sur un poney et je ne peux pas m'en sortir toute seule... Tu te balances d'avant en arrière sur tes pieds, te mordant la lèvre inférieure en arborant ta mine de chien battu. Comme ça, t'es certaine qu'il ne peut rien te refuser et puis, maintenant qu'il est là, autant qu'il se rende utile. Tu clignes des yeux, prête à le supplier s'il le faut.

   

Tu arbore une espèce de confiance en soi factice face à ces gamins, occupés à brosser leurs poneys ou à être intimidé par eux. Ces enfants là, tu les comprends tout à fait, aussi tu leurs adresse un clin d’œil censé les rassurer. Certains d'entre eux te répondent d'un grand sourire comme si ta présence avait cet effet, alors que tu as juste envie d'aller te réfugier chez ton frère pour éviter ces monstres à pattes. Pourtant quand ta sœur, qui ne s'est évidemment pas offusquée de tes mots pour elle, se racle la gorge, tu sens le piège se refermer sur toi. Tu sens, que son innocence est bien loin de ce baiser sur la joue en guise de bonjour, et ses mots t'arrachent une grimace de terreur. Une chance seulement que tu te sois tourné vers elle en l'entendant parler, parce que certainement que les gamins se seraient moqués directement. Toi, les aider, si près des bêtes ? Non c'est pas possible elle se joue de toi. « Tu peux pas me faire ça. » Ta voix n'est plus aussi enjouée, plus aussi assurée alors que tu te rapproche de ton aînée, qui évidemment prends sa mine irrésistible, qui t'arraches un espèce de grognement de désespoir. « Nah tu t'moques, y'a bien quelqu'un dans le coin qui vas aider les morpions, t'es pas toute seule d'habitude j'suis sûr. » Un instant, tu te demandes si elle ne l'a pas fait exprès, de faire partir tout le monde, et ton regard se fait plus suspicieux alors que tu t'arrêtes, les bras croisés sur ton torse. C'est bien son genre, pour essayer de te confronter à tes craintes pour que tu passes au dessus. Mais ça fait vingt ans que tu as peur des chevaux, et malgré les dizaines de tentatives des aînés, ça ne change pas, tu les crains toujours autant. « Tu l'as fait exprès ! » Ta voix est plus forte, accusatrice aussi, et tu as conscience que les enfants t'écoutent se posent sans doute des questions, aussi t'essayes de pas leur montrer à quel point ça te mets dans tout tes états. Ça donne une espèce de melting pot complexe dans ton esprit, alors que tu hésites toujours quant à ce que tu vas faire. « J'en suis sûr ! » Que tu continues de marmonner, alors que tu sais, que vous savez tous les deux, que tu vas le faire. Que ta fierté t'empêche de partir en courant loin des chevaux, alors que les petits cavaliers en parleront pendant des jours, si pas des semaines. Tu ne les sous-estime pas, tu sais que c'est le genre de petites infos qu'ils n'oublient pas et qu'ils ressortent par la suite, t'étais pareil - ou tu l'es toujours ? Alors tu ronges ton frein, tu regardes ta sœur sur le côté, boudeur, à moitié tourné vers les enfants, pendant qu'elle doit savourer sa victoire. Pourquoi t'as répondu au sms encore ?


 

Ce n'est vraiment pas sympa de ta part d'avoir appeler ton plus jeune frère. Peut-être que t'aurais du appeler Bran. Tu savais qu'il avait la tête ailleurs en ce moment et que ce n'était pas franchement son truc mais, peut-être que cela lui aurait permis de se vider la tête et de penser à autre chose que son avenir incertain. Il adorait les gosses, il aurait sans doute fait un effort pour eux. De plus, ça aurait permis à Malcolm d'échapper aux chevaux et Dieu seul sait à quel point il t'aurait remercié pour cela. A la place, il te lance un regard assassin. Tout de suite, il fait beaucoup moins le malin et si ses yeux auraient pu lancer des balles, t'es certaine qu'à l'heure qu'il est, tu en aurais pris une entre les deux yeux. Les enfants attendent, impatients pour la plupart tandis que les plus débutants restent en retrait, un peu moins confiant. Malgré tout, le moins rassuré d'entre eux reste Malcolm et tu te retiens de ne pas rire alors qu'il semble au bout de sa vie. C'est comme si tu venais de lui planter un couteau dans le dos et franchement, tu ne t'attendais pas à ce que ça lui donne autant de fil à retordre. Il grogne, il croise les bras, il t'assure qu'il y a bien quelqu'un d'autre dans le coin qui pourrait t'aider à assurer ton cours. Toi, tu grimaces légèrement en hochant négativement la tête, soupirant pour lui prouver qu'il était ton dernier recours. Je pensais pas qu'il y aurait autant de gamins... Je suis sérieuse Malcolm, je t'aurais pas appelé si j'avais un autre plan de secours, tu le sais bien... En tout cas toi, tu sais à quel point il a la trouille des chevaux. T'as jamais compris pourquoi. A tes yeux, c'était dans les gênes. Ton grand-père, ton père, ton frère, toi, la petite dernière... Il n'y avait pas d'exception à la règle si ce n'est Malcolm qui n'aimait pas être comme tout le monde et qui sortait donc du rang. Il dit que tu l'as fait exprès et tu te contentes d'hausser les épaules d'un air innocent. C'est vrai que tu l'as un peu fait exprès du moins, t'aurais pu te débrouiller pour trouver quelqu'un d'autre dans un sens mais, à côté de cela, si des enfants de cinq ans et demi pouvaient le faire alors, tu étais convaincue que ton frère aussi. Je te revaudrai ça ! Parce que tu sais que ton frère, il a bien trop de fierté pour faire demi-tour. Tu sais qu'il va prendre son courage à deux mains et affronter ces pires cauchemars pour ne pas passer pour un dégonflé devant les enfants. Il en fait des tonnes et ça te fait rire. Tu sais parfaitement qu'il va le noter dans un coin de sa tête et te le faire payer un jour ou l'autre or, tu prends le risque. Ce cours promet d'être riche en émotions et t'es vraiment impatiente toi aussi qu'il débute. Tu peux m'aider à les installer s'il te plaît ? Ce sont des poneys, j'aurais pu choisir des cheveux franchement, estime-toi heureux ! Tu sais pertinemment que tu es en train de t'enfoncer plus qu'autre chose. Ça va pas lui plaire à Malcolm mais bon, tant pis. Pour éviter la confrontation, tu te dépêches de reprendre la parole : Bon les enfants, on va commencer ? Je compte sur les plus grands pour montrer aux plus petits. Sinon, voici Malcolm, il va nous aider à ce que tout se passe pour le mieux aujourd'hui.

   

T'en fais des tonnes, et tu commences à t'en rendre compte en entendant les rires des plus âgés des enfants. Ou du moins ceux qui te semblent un peu plus vieux que les autres. Tu pousses un profond soupir, levant les yeux au ciel quand ta sœur te dis que tu étais son dernier recours. T'insistes un peu, certain qu'elle avait la possibilité de demander à d'autres personnes. Son petit ami, peut-être ? Enfin, t'en sais rien, tu te mêles pas de ça, mais dans tous les cas tu notes qu'elle t'en fais encore baver, ta sœur ainée. « T'es pas cool. » Tu lâches alors qu'elle te dis qu'elle te le revaudra. Et comme tu sais que n'auras pas gain de cause cette fois, pas alors que ces gamins aiment les chevaux, tu laisses tomber. T'acceptes, parce que tu veux pas te dégonfler auprès d'eux, et que même si ça te fais profondément chier, tu vas mordre sur ta chique le long du cours, et sitôt terminé tu vas envoyer un texto à tes potes pour les retrouver au bar, tant pis pour l'heure matinale, il est bien dix-sept heure quelque part dans le monde de toute façon. « Prochaine fois tu m'auras pas, ein! » Que tu finis par grommeler encore avant de faire face aux enfants, jaugeant de leur nombre. C'est vrai que seule, elle aurait eu du mal à assurer leur sécurité, mais t'en reviens toujours pas que ça soit à toi qu'elle ait pensé, elle aurait pu demander à la benjamine éventuellement, quoi. Le dépit se lit sur ton visage, alors qu'Aline te demande de l'aider à les installer, parce que t'arrives pas à garder un vrai sourire sur tes traits alors que tu es si proche des poney. « Oué bah c'est pareil, les deux sont des monstres de toute façon. » Que tu lui glisses, pas trop fort, pour que les enfants n'entendent pas, et tu décroises les bras pour t'approcher pendant qu'elle fait les présentation. « Ils ont pas de badge, eux ? » Tu dis, un peu bourru, parce que tu les connais pas et que retenir tous les noms d'un coup ça va être compliqué. Et puis tu sais très bien que même entre eux, ils doivent pas tous s'en souvenir, sans doute qu'ils se donnent des petits surnoms. Mais même ce genre de pensée innocente n'arrive pas à te sortir de la tête que tu es bien trop proche des chevaux. Ou des poney, peu importe. Tout ton système nerveux est en alerte, prêt à te faire décamper au moindre problème, mais tu sais que les animaux peuvent le sentir. Alors, parce que t'es pas capable de risquer de blesser les petits, tu inspires et expires à petite doses pour te calmer, t'approchant d'une petite fille au poney minuscule. Commencer par le plus petit, c'est peut-être une bonne stratégie, que tu penses. « Tu t'appelles comment? » Que tu demande, essayant de faire preuve de sympathie et en terminant de boucler la selle. Tu sais comment ça fonctionne, pour avoir vu tes ainés le faire des centaines de fois devant toi. La petite, t'entends rien quand elle te dis son prénom, et tu jettes un coup d’œil vers Aline, qui doit certainement bien s'amuser à te voir dans une telle galère. « Bon, y'a aucun qui monte tant qu'on a pas vérifié les selles et si vous avez bien mis la bride. » Tu passes à celui d'à côté, ainsi de suite jusqu'à rejoindre Aline qui as évidemment été plus vite que toi. « Il faut que je tiennes la longe pour lesquels ? » Que tu lui demandes, à l'écart des poney. En fait, t'arrives à rester près d'eux -pas longtemps- en gardant en tête que tu veux pas que les enfants soient blessés.