j'emmène tout ce que je peux de bons souvenirs (jack)

danse, danse petite étoile, petite princesse qui bouge pour la musique, qui bouge pour voir le sourire sur le visage de sa mère. c'est une devenu une passion pour toi après avoir été une obligation, chaque mouvement est une liberté qu'elle gère et qui prouve au fond qu'elle est bien vivante. depuis six mois, elle n'arrive plus à se laisser porter par une quelconque chanson, comme bloquer par son départ # l'école n'a jamais été faite pour elle, c'était en compagnie de ses amis qu'elle se sentait le mieux qu'enfermer dans une salle de classe. mais voilà, sa mère voulait un avenir pour sa fille et qui ne refléterait pas sa vie. donc Jack lui a fait plaisir en travaillant un tant soit peu, même si aujourd'hui elle n'est qu'une simple serveuse. peut-être qu'un jour son rêve de devenir infirmière se réalisera # l'amour inconditionnel, sans secret est le plus beau et le plus enivrant qu'on puisse connaître. jack a eu la chance de le connaître avec sa mère. mais il est aussi destructeur, violent et laisse des traces indélébiles. maintenant, elle fait en sorte de vivre avec le plaisir, mais laisse les sentiments en dehors. en usant et abusant du corps des hommes, la jeune femme se sent vivante et lui permet de mettre de côté ce qui lui fait naître en elle # deux tatouages. une petite étoile sur la cheville qu'elle a faite le lendemain du décès de sa mère et un autre derrière l'oreille, une simple rose # jack, ce n'est pas une gentille fille, pas comme les modèles de vertu qu'il n'est pas rare de voir dans les téléfilms un peu niais à la télévision. bien entendu, elle n'est pas non plus une délinquante notoire. vivre sans vie sans vraiment faire attention à ce que l'on attend de soi, c'est son crédo. elle assume, mieux vaux être comme on le voudrait plutôt que comme les autres en auraient envie # lui. c'est son interdit. c'est sa pomme dans le jardin d'éden. ce qu'elle ressent à son encontre est tout simplement défendu, mais comment faire comprendre à ce muscle totalement indépendant qu'elle ne doit pas ? cela la détruit littéralement, la douleur ne la quitte plus et elle fait tout son possible pour passer le moins de temps possible en sa compagnie. alors, son corps passe dans les mains d'inconnus pour connaître un instant de plaisir, pour lui faire croire qu'elle peut oublier. c'est tellement simple de partir dans l'artificiel plutôt que de faire face. elle sait bien qu'il ne comprend pas son comportement et dans un sens, c'est mieux ainsi. jack c'est qu'il ne pourra jamais accepter ses sentiments. comment lui, qui est aux yeux des autres l'image de son père pourrait pouvoir l'aimer comme elle l'aime ? c'est impossible. elle voit toujours le fantôme de sa mère dans son regard et elle s'en veut encore plus. c'est leur amour et elle n'a pas le droit de s'immiscer dedans, même si elle n'est plus là

Maman n'avait que seize ans quand j'ai vu le jour, au début du quelconque mois de mai de l'année mille neuf cent quatre vingt-quinze. Elle, pauvre gamine totalement perdue devant cette petite chose que j'étais, moi, qui découvrais ce monde qui allait devenir le mien. L'amour a été immédiat entre nous, c'était le plus beau et le plus fort qui puisse exister. Une mère, son enfant, un lien indestructible. Bien entendu, être encore soit même dans l'enfance et avoir à prendre soin d'un bébé, ce n'est pas toujours facile, surtout quand personne n'est là pour nous soutenir. Le courage est l'un des mots qui définit le mieux cette femme et elle n'a jamais baissé les bras, non, il fallait qu'on s'en sorte. Et elle a réussi. Beaucoup de bas, peut-être un peu trop, mais nous avons toujours gardé la tête hors de l'eau grâce à elle. J'ai grandi avec la chose qui compte le plus pour un enfant, l'amour de ses parents, tout de du moins de sa mère pour ma part. Le plus beau, le plus pur que je ne connaitrais jamais. Un père, cela a été quelque chose de totalement abstrait pour moi, le mien n'ayant pas voulu prendre soin d'un marmot alors que lui-même avait encore tant de choses à vivre. S'encombrer d'une gamine très peu pour lui. Cela a été son choix et au fond, je ne lui en veux pas, tout aurait pu être totalement différent et la souffrance en aurait été que pire. Je le remercie d'avoir su prendre sa décision avant que tout ne puisse prendre une direction totalement différente.

Et puis un jour, lui, est entrer dans la vie de ma mère et ensuite dans la mienne. Il n'a pas eu peur de notre passé, a mis de côté le fait que je pouvais être là pour aimer de la plus belle des manières cette femme qui le méritait tant. Bien entendu, il était jeune, trop pour beaucoup qui pensait que ma mère profitait un peu de sa naïveté. Les mauvaises langues, un poison qui coule un peu partout. Passant outre, il est devenu le mari qu'elle avait toujours voulu avoir, un semblant de père pour moi qui ne le voyait pas totalement comme cela. Dix ans, une décennie. Presque rien, mais cela change tout. J'ai donc grandi avec le bonheur de voir ma mère heureuse, une meilleure situation pour nous. Rien ne pouvait faire sombrer notre famille, c'était une certitude qui me tenait, qui faisait que je ne baisserais jamais les bras. Mais le malheur est une saloperie qui s'insinue sans que l'on ne s'en rende compte, qui prend place sans faire de bruit. Elle, dont la soif de vie était inégalable fut la victime, malheureuse et surtout innocente.

Mon corps est douloureux, mon cœur totalement détruit et la seule chose à laquelle je pense, c'est que je n'arrive pas à laisser couler cette peine qui me cisaille. Je suis là, près d'elle qui est toujours aussi belle malgré les stigmates de la maladie. Malgré la mort. Comment puis-je faire ce que tout le monde attend de moi ? Montrer ma peine ne signifiera qu'une chose, qu'elle est partie pour toujours et je ne peux pas vivre avec ça. Non. Cette enveloppe en est pourtant la pauvre, elle n'est plus là. Sa main est dans la mienne, comme à chaque fois que j'avais besoin de sa présence quand j'avais un petit bleu au cœur. Mon soutien, mon âme sœur, l'amour de ma vie n'est plus. Il est là près de moi, son regard est totalement hagard, l'espoir brillait encore parfois dans le fond de ses prunelles. Aujourd'hui, plus rien, il se retrouve comme moi, sans celle qu'il aimait plus que tout. Comment allons-nous pouvoir survivre, surpasser cette douleur horrible qui s'intensifie de seconde en seconde ? Je ne le sais pas et je n'ai pas envie de le savoir pour le moment. Là, j'ai envie de faire comme-ci elle dormait tout simplement, que bientôt je vais pouvoir revoir ses beaux yeux. Me mentir, voilà qui me semble bien facile en cet instant.

Pourtant, il ne faut qu'un geste de sa part à lui, une main sur mon épaule pour qu'enfin ma douleur me transperce comme un éclair le ferait dans un ciel orageux. Une larme, puis une autre et enfin je n'arrive plus à me retenir. Les vannes sont ouvertes et au fond, je sais que je n'arriverais jamais à les refermer totalement. Il est là et pour le moment c'est le plus important, je sais que je ne serais plus jamais seule. Sans m'en rendre compte je me retrouve dans ses bras et il me serre d'une manière qui me fait sentir en sécurité. Lui aussi est en souffrance, comme je ne l'ai jamais vu auparavant et j'ai l'impression qu'il se raccroche à moi. Ensemble, nous allons surmonter cette épreuve, s'il est possible de le faire. Alors, je profite de cet instant sans réellement en prendre conscience, de ses bras qui m'enveloppent, de son odeur qui envahit mes narines. Oui, sa présence est la seule chose tangible en cet instant. Mon roc, ma bouée dans cet océan déchaîné qu'est maintenant ma vie.