you can't escape from me (beth)

01. Née ici-même à Cassas dans une famille aimante, la famille Hayland. Je n'ai été ni la première des quatre enfants à naître, ni la dernière. J'ai été la troisième ou l'avant-dernière si vous préférez, la toute dernière fille du lot. Tous nés à Cassas et tous y habitent encore, cette ville a le don de nous faire rester ou plutôt de nous empêcher de partir trop longtemps. 02. Une enfance normale. Une adolescence bien pareille si on n'évoque pas la puberté, les garçons, les conneries. Evoquons-les plutôt sinon ça ne serait pas drôle, n'est-ce pas ?Je suis toujours restée fidèle à moi-même alors même si je n'ai jamais été le genre de fille populaire, je n'étais pas non plus rejetée de tout le monde pour autant. Je savais que j'étais capable de plaire aux garçons mais malheureusement, ceux qui me plaisaient se révélaient être des idiots, des gays ou bien des mecs pas du tout intéressés par moi. Ça a été ainsi durant une bonne partie de mon adolescence et ma dernière rupture date de ma dix-septième année. Ce jour-là, je me suis promise de ne plus ouvrir mon coeur, c'est bien trop douloureux et complètement inutile, il y a des choses bien plus importantes que les garçons dans la vie. 03. A la sortie du lycée, je me suis longtemps demandée quoi faire de ma vie, je n'avais pas spécialement d'idées en tête alors j'ai cherché, fait des stages afin de trouver le truc pour lequel j'étais faite et c'est à mes vingt ans que j'ai finalement trouvé après avoir enchaîné les petits boulots pour rester à flot. 04. L'année de mes vingt ans a aussi et surtout été l'année où j'ai quitté la ville pour faire des études, décrocher mon diplôme d'infirmière. J'aurais éventuellement pu faire tout ça en ville mais j'avais besoin d'autre chose, de voir un peu ailleurs juste pour un temps ou éventuellement pour toujours, je n'étais pas encore bien fixée à l'époque. Pourtant, une fois mon diplôme en poche, l'appel de la ville a été bien trop tentant pour y résister alors je suis revenue comme une fleur. 05. J'avais besoin de voir ailleurs mais surtout de fuir quelqu'un en particulier et pourtant, c'était presqu'idiot d'agir comme ça. Je m'étais emballée une fois encore et je me détestais pour être aussi faible. Il avait fallu d'une soirée, je m'amusais et puis j'ai croisé son regard hypnotisant. Il n'était pas comme les autres mais pas forcément dans le bon sens. Je m'en fichais, il m'intriguait et il est venu vers moi, il a fait le premier pas alors nous avons discutés et une chose en entraînant une autre, un baiser fut échangé, un simple mais pourtant torride baiser. Le reste de la soirée passa tout aussi rapidement et... chaudement. L'alcool avait sûrement aidé à ce que tout ça se passe ainsi. A mon réveil, l'alcool avait disparu de mon sang et j'avais les idées claires. Fidèle à moi-même, je n'arrivais pas à assumer cette soirée alors silencieusement, je suis partie, j'ai quitté la ville pour une raison qui au final n'était pas si dramatique. Ce n'était que du sexe avec un inconnu diablement attirant. 06. J'avais fui, j'avais rejoint une toute autre ville, espérant trouver ma place ailleurs mais ce moment n'est jamais arrivé. Il y avait toujours un vide en moi, un vide qui n'a malheureusement jamais été comblé par quoi que ce soit ni par qui que ce soit. Une fois mon diplôme en poche, nouveau moment de doute, il fallait que trouve un endroit où aller et puis j'ai reçu l'appel de mes parents. Un de mes oncles était malade, très malade. Au fond, je me disais que mon diplôme pourrait au moins me servir dans ma famille alors j'ai pris mes affaires et je suis rentrée à la maison afin de prendre soin de lui. Sa femme étant décédée quelques années auparavant, il vivait seul dans une grande maison, bien trop grande pour lui et j'ai donc décidé, avec son accord bien entendu, de m'installer chez lui afin de m'occuper de lui du mieux que je le pourrais. 07. Mais je devais gagner ma vie, je ne pouvais pas m'occuper uniquement de lui. Il avait beau être malade et vieux, il n'était pas infirme pour autant alors j'ai postulé partout où j'ai pu afin de décrocher un travail d'infirmière et c'est Isobel que j'ai finalement rencontré. Nous ne nous connaissions pas et pourtant, elle m'a pris sous son aile et je sais que je suis incroyablement chanceuse d'avoir une telle personne dans ma vie à l'heure d'aujourd'hui. Elle rend le travail plus plaisait mais surtout, elle est là quand j'ai besoin d'elle et notamment quand j'ai besoin de conseils concernant le cas de mon oncle. 08. J'ai revu le mystérieux jeune homme d'avant mon départ. Enfin, revu est un grand mot, disons que je l'ai aperçu au loin sans jamais faire le premier pas et je doute qu'il le fasse une seconde fois, pas après que je sois partie comme une voleuse. Je ne pourrais pas le en vouloir mais au fond, je pensais surtout qu'il s'en fichait et qu'il m'avait sans doute oubliée. Cette pensée me vexait profondément et me donnait envie de le revoir pour de vrai, en face à face. Et puis, j'ai appris qu'il était en couple, avec une femme magnifique qui plus est. Ça aussi ça m'a vexé sans vraiment que je sache pourquoi et à partir de ce moment-là, je ne pouvais cesser de repenser à cette soirée-là, à cette envie que j'avais soudainement de le toucher une nouvelle fois. Le plus dérangeant dans l'histoire était que le fait qu'il soit en couple n'avait aucune importance à mes yeux, que j'étais quasiment prête à être ce genre de fille qui flirte avec le mec pris. Quand nos yeux se rencontraient, je devenais une toute autre personne, une personne prête à tout pour l'avoir une nouvelle fois et je ne pouvais nier que c'était effrayant. 09. Je n'avais pas spécialement envie que mon oncle reste seul lorsque je n'étais pas avec lui alors j'ai eu l'idée un peu folle d'aller adopter un chien. Mes parents n'étaient pas d'accord, ils trouvaient que c'était une erreur mais je savais au fond de moi que ce n'était pas le cas. Une présence animale lui ferait le plus grand bien et c'est bien connu que les animaux de compagnie et notamment les chiens peuvent être de véritables médicaments pour les malades. En plus de ça, ça me fait de la compagnie le soir quand mon oncle dort et que la grande maison devient tout d'un coup silencieuse. Serais-je facilement effrayée ? C'est fort probable, surtout quand la maison travaille et qu'elle craque de partout. Je ne suis pas bien rassurée mais la présence de ce chien me rassure quand même. 10. Il ne faut pas croire que mon retour a été facile, après tout j'étais partie depuis deux ans et assez rapidement alors je devais passer du temps avec ma famille mais surtout, apprendre à dompter mon oncle qui n'avait pas spécialement envie de voir quelqu'un s’immiscer dans ses affaires même si ce quelqu'un était sa propre nièce. J'ai parfois eu envie de tout laisser tomber mais c'est là qu'entre en jeu monsieur Elias, le cousin préféré. Il a été là pour moi, il m'a guidé, m'a soutenu et je sais que si je ne vais pas bien, il sera là pour m'aider. J'ai beau avoir deux frères, c'est différent avec lui, je suis d'ailleurs bien plus proche de lui que je le suis de mon frère aîné avec qui c'est très compliqué alors au final, il est plus mon frère que mon cousin.